Qu’est-ce que l’ordre des Nyahbinghi rastafari ?
Dans le rastafarisme, comme pour tous courants religieux, il y a certaines mouvances, une grande diversité de tendances. Le Nyahbinghi en fait partie tout comme les Bobo Ashanti, l’EWF (fédération mondiale éthiopienne), l’EOC (église orthodoxe éthiopienne) ou les 12 tribus de Juda.
Mais le Nyahbinghi est sans aucun doute l’ordre le plus ancien puisqu’il est apparu bien avant que le mouvement rastafari jamaïcain soit créé. Ce dernier a été une grande source d’inspiration pour les rastas. Et encore aujourd’hui, il constitue l’un des piliers du mouvement rastafari.
A vrai dire, on ne sait que peu de chose sur l’origine du mouvement Nyahbinghi. Il aurait été fondé par une société secrète africaine très active au XIXème siècle qui était installée au Kenya ainsi qu’au Congo. Cet ordre offrit sa dévotion à une princesse rebelle rwandaise ou ougandaise appelée « Nyahbinghi ». Son nom signifie pour certains « celle qui détient entre ses mains » et pour d’autres « celle qui possède beaucoup de choses ». Mais pour ses détracteurs, notamment le système de propagande fasciste italien, il voulait dire « mort aux oppresseurs blancs et à ses alliés noirs ». Cette princesse se distingua par son charisme, les pouvoirs qu’on lui prêtait, sa résistance exceptionnelle, sa férocité et sa bravoure dans sa lutte contre les forces coloniales et l’esclavagisme des noirs.
L’ordre Nyahbinghi qui pratique des percussions, des chants et des danses rituelles hypnotiques, garda une grande admiration pour cette princesse qui devint reine et qui fut élevée au rang de divinité. Puis cet ordre disparu peu à peu dans l’oubli et réapparu en 1935 au moment où la guerre entre l’Italie et l’Ethiopie éclata.
Ce conflit opposa deux grandes figures historiques et symboliques : le dictateur fasciste italien Benito Mussolini et l’empereur éthiopien Hailé Sélassié Ier. Selon les croyances, ce dernier aurait alors fait appel à cette société secrète pour repousser et détruire les envahisseurs blancs. L’empereur fut alors désigné comme le chef de cet ordre. C’est alors que peu de temps après la fondation du mouvement rastafari, c’est-à-dire dans les années 1935-1940, de nombreux rastas jamaïcains prirent en exemple et s’identifièrent à l’ordre Nyahbinghi qui personnifie la lutte anticolonialiste.
Cependant, certains historiens nient l’existence de Nyabinghi qui serait, selon eux, le fruit d’une vieille légende africaine remise au goût du jour pour galvaniser le peuple noir opprimé et l’encourager à lutter contre les colons.
Les membres de l’ordre Nyahbinghi sont soumis à des règles assez strictes et sont considérés par certains, y compris par certains rastas, comme des sectaires, des exaltés et des provocateurs.
Cette mouvance est tenue par des vieux sages qui sont considérés comme les gardiens de la foi. On leur prête le pouvoir d’invoquer des forces surnaturelles et d’entrer en contact avec l’esprit de Nyahbinghi. Est offert régulièrement à celui-ci, des offrandes pour demander sa protection et son aide afin de contrer les pays colonialistes. Par ailleurs, ces sages ont le rôle de faire respecter certains dogmes et certains usages hérités des traditions ancestrales africaines. Par exemple, les femmes doivent obligatoirement se couvrir les cheveux ainsi que les jambes, il est interdit de jouer aux jeux d’argent et de hasard, mais aussi, de se raser ou de se couper les cheveux puisqu’ils sont, selon les croyances, leurs racines. Et puis évidemment, boire de l’alcool et manger de la viande est prohibé totalement.
Tout comme les autres ordres rastafari, les Nyahbinghi sont avant tout des défenseurs de la paix, de la justice, de la liberté, de l’égalité entre les peuples et ils sont attachés au respect de la terre-mère, de l’environnement, de la nature. Un culte exclusif et immodéré est voué à l’ancien empereur éthiopien Hailé Sélassié qui représente l’incarnation de Dieu sur Terre (Jah) et le sauveur du peuple noir. Les membres de l’ordre Nyahbinghi s’élèvent également contre le culte de l’argent et de la consommation qu’apporte la société « Babylone », et pendant un rituel bien codifié, ils fument de la ganja (herbe de cannabis) qui est sacrée et permet d’entrer en communion avec le Dieu Jah.
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